Une architecture industrielle révolutionnaire
L’usine des Batignolles construite entre 1917 et 1920 est élaborée selon le procédé d’Eugène Freyssinet, père du béton précontraint, l’une des plus grandes inventions dans le domaine de la construction en béton qui a révolutionné l’art de construire du XXème siècle.
L’organisation et la structure de l’usine sont novatrices pour l’époque : ateliers d’usinage déployés « en arête de poisson » de chaque côté d’un vaste hall d’assemblage final.
Eugène Freyssinet est également le père des bâtiments de la Station F à Paris, l’usine des Batignolles fut un cœur productif de Nantes pendant plus de 70 ans.
Les usines des Batignolles sont une véritable synthèse des techniques de la construction mécanique.
Une usine modèle innovante
Symbole de l’industrie innovante, les usines des Batignolles sont imaginée pour produire et assembler les premières locomotives françaises.
Sa configuration rend compte de la nouvelle organisation du travail, désormais « rationalisé », que ces compagnies innovantes promeuvent dans l’entre-deux-guerres. La tâche des ouvriers est rude et noble.
Un bastion social emblématique
La cité des Batignolles, créée pour héberger les ouvriers autour de l’usine, n’est ni à la campagne (contrôlée par les prêtres), ni dans la ville.
De ce fait géographique découle une socialisation à part, une autonomie et une solidarité se développent.
Le sentiment d’appartenance est très fort. Le patronat perd son pouvoir face à cette communauté puissante, véritable bastion.
En 1971 les grèves sont quotidiennes.
L'héritage comme tremplin
La désindustrialisation a démarré dans les années 70 et laissé derrière elle de nombreuses friches. Certaines ont été sauvées de la démolition et réhabilitées grâce à l’engagement de quelques acteurs. Elles sont les vestiges d’une histoire passée.
Contrairement à ces lieux
(Halle 6, Lu, chantiers navals à Nantes, la Station F, le 104 à Paris)
la Forge des Batignolles et l’ensemble de l’ancienne usine resteront
un lieu de production. Forte de son héritage culturel, au coeur d’enjeux territoriaux, elle est le tremplin concret d’un renouveau industriel.
Le plan France 2030 vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir dont la moitié des financements sont destinés à des acteurs émergents et l’autre aux actions de décarbonation.
L’urgence écologique et sociale
Cela fait un demi-siècle que nous perdons progressivement notre souveraineté pour nous tourner exclusivement vers une rentabilité financière créant le désastre écologique et social auquel nous faisons face aujourd’hui.
Les aides publiques n’ont eu pour effet que de maintenir la tête hors de l’eau quelques industries qui n’ont pas pour autant changé leur trajectoire.
Nous devons être conscient, la réindustrialisation est impossible sans se réinventer. Un changement de modèle est nécessaire pour ne plus uniquement mesurer l’impact économique de nos activités, responsable de la désindustrialisation, mais désormais prendre en compte l’IMPACT territorial, environnemental et sociétal.
La décentralisation, la relocalisation et l’entrepreneuriat industriel permettent plus d’agilité et de flexibilité, essentiels à la créativité et à l’innovation. Contexte favorable à l’émergence de multiples acteurs locaux. La souveraineté retrouvée sera alors durable par la décarbonation de toute sa chaîne de valeur.
Il est impératif de réinventer un environnement industriel attractif en tirant les leçons de notre héritage et en répondant aux besoins et urgences actuels.
Une image à redorer
Les quartiers ouvriers étaient autrefois collés à leur usine alors qu’aujourd’hui 70% des emplois industriels sont hors métropole (INSEE 2021) parqués dans des ZI artificielles et sans singularité.
Raccourcir le temps mais surtout la distance de transport sont essentiels compte tenu de l’encombrement de nos villes.
Notre production nécessite d’être accessible, relocalisée, proche de la vie donc de la ville afin d’attirer des talents.
Si nous ajoutons à cela la singularité architecturale de certaines friches, c’est tout un patrimoine qui sera préservé et une nouvelle page de l’Histoire industrielle qui s’écrira dans ces murs.
La mixité avec le tertiaire, les commerces et les habitations relocalisera les usines dans un environnement vivant, verdoyant, et agréable.
Innover avec conscience et impact
L’entrepreneuriat industriel, contrairement au digital, demande des ressources matérielles, financières, humaines, foncières et en matières premières.
Le déséquilibre de notre balance commerciale entre sur-consommation et sous-production a restreint nos innovations et consommé nos ressources au nom de l’excellence, de la performance et de la productivité.
Nos limites planétaires sont franchies, nous prouvant que nos productions n’existeront pas durablement sans puiser nos ressources dans le réemploi, le reconditionnement et le recyclage (3R+) disponibles en abondance.
Nous avons besoin de retrouver notre créativité en facilitant l’entrepreneuriat et les échanges afin de dynamiser les innovations technologiques et environnementales et ainsi devenir pionnier de l’industrie durable.
Au delà du lieu, nous souhaitons mettre sous le feu des projecteurs les projets concrets qui ont du sens.
Par des animations et des événements, nous les ferons rayonner ainsi que tout l’écosystème pour transmettre un message positif au plus grand nombre.